Comprendre
« La violence conjugale comprend les agressions psychologiques, verbales, physiques et sexuelles ainsi que les actes de domination sur le plan économique. Elle ne résulte pas d’une perte de contrôle, mais constitue, au contraire, un moyen choisi pour dominer l’autre personne et affirmer son pouvoir sur elle. Elle peut être vécue dans une relation maritale, extra-conjugale ou amoureuse, à tous les âges de la vie » (p. 23 Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale)
Le concept de contrôle coercitif, développé par Evan Stark, élargit la compréhension de la violence conjugale au-delà des actes physiques, englobant des tactiques subtiles telles que l’isolement et la manipulation. Celui-ci fait référence à la privation de libertés que subissent les victimes.
Les formes de violence
La violence conjugale peut prendre plusieurs formes et se manifester de différentes manières. En voici quelques exemples :
Psychologique
- Critiques, blâmes, dévalorisation;
- Dénigrement, humiliations;
- Attitudes et propos méprisants;
- Indifférence, négligence;
- Silences;
- Violence sur les objets et les animaux.
Verbale
- Insultes, sarcasmes;
- Propos dégradants et humiliants;
- Menaces, chantage;
- Ordres énoncés brutalement;
- Ton de voix menaçant, hurlements, chuchotements.
Sociale
- Rabaisser constamment les personnes importantes pour elle ;
- Dénigrer des passe-temps, des activités, des sports que la femme pratique ;
- Contrôler et empêche les avec sa famille ou ses ami.e.s;
- Interdire de recevoir de la visite ;
- Contrôler les courriels, réseaux sociaux, appels téléphoniques.
Physique
- Bousculer, pousser ;
- Tirer les cheveux ;
- Mordre ;
- Serrer les bras, le cou ;
- Étranglement ;
- Lancer des objets ;
- Menacer avec une arme ;
- Brûler ;
- Frapper ;
- tuer.
Sexuelle
- Forcer sa partenaire, en la harcelant, l’intimidant, la manipulant ou la brutalisant, à avoir des rapports sexuels, avec lui ou avec d’autres personnes;
- Imposer des actes dégradants ;
- Obliger sa conjointe à porter des vêtements érotiques, à regarder du matériel pornographique;
- Dénigrer le physique d’une femme et ses habiletés sexuelles, l’humilie en la comparant à d’autres;
- Pousser une femme à avoir des relations sexuelles non protégées malgré les risques;
- Empêcher sa conjointe de prendre un moyen de contraception.
Spirituelle
- dhésion forcée à des rituels ou pratiques religieuses ;
- Contrôler les pratiques religieuses ;
- Dénigrer des croyances.
Le cycle de la violence
Le cycle de la violence conjugale fonctionne en quatre phases : la tension, l’agression, la justification et la réconciliation.
C’est l’enchaînement de ces phases, dont le rythme et l’intensité augmentent avec le temps, qui permet au partenaire de maintenir son pouvoir sur la relation, et donc de contrôler sa conjointe.
Source : La violence conjugale en bref. Regroupement des maisons d’hébergement pour femmes victimes de violence conjugale – 2019
Conséquences de la violence conjugale sur le femmes
Subir de la violence, c’est vivre en état d’hyper-vigilance 24 heures sur 24. Demeurer dans cet état laisse des traces autant émotionnelles, physiques que psychologiques.
Une victime de violence conjugale peut, par exemple:
- Avoir une faible estime d’elle-même, de la difficulté à s’affirmer, douter de ses perceptions;
- Voir son seuil de tolérance à la violence augmenter;
- Faire de l’insomnie, des cauchemars, avoir des « flash-back »;
- Être anxieuse, angoissée, faire de l’hyperventilation, des crises de panique;
- Avoir des pertes d’appétit ou au contraire avoir des épisodes de boulimie, des problèmes digestifs, des maux de tête, des migraines, des baisses d’énergie;
- Être confuse, ambivalente, avoir des pertes de mémoire, des difficultés de concentration, de la difficulté à s’exprimer;
- Se sentir coupable, triste, impuissante, méfiante, humiliée;
- Vivre de l’isolement, de la peur, des problèmes de consommation (drogue, alcool, médicaments), une perte d’emploi;
- Être dépressive, avoir des idées suicidaires ou tenter de se suicider;
- etc.
Conséquences de la violence conjugale sur les enfants
La violence conjugale n’est pas sans conséquence dans la vie des enfants. Qu’ils en soient témoins ou victimes, la violence physique, verbale ou psychologique, laisse toujours des traces. Des chercheurs affirment que ces enfants « sont aussi affectés que s’ils étaient eux-mêmes violentés parce que l’exposition à la violence conjugale constitue en soi un abus émotionnel à l’endroit de l’enfant. »[1]
L’exposition des enfants à la violence conjugale peut affecter plusieurs sphères de la vie de ces jeunes et mettre en péril leur développement et leur bien-être.
Il est important de préciser que chaque enfant est unique et que les conséquences de l’exposition à la violence conjugale sont différentes d’un jeune à l’autre.
Conséquences physiques
Allergies, asthme, maux de ventre, maux de tête, énurésie (mouiller son lit), cauchemars, eczéma, trouble de l’appétit, perte de sommeil, difficultés d’élocution, etc.
Conséquences psychologiques
- Cognitives:
-
-
- Problème d’apprentissage du langage,
- Difficulté de concentration,
- Baisse ou augmentation du rendement scolaire, absentéisme scolaire,
- Phobies scolaires;
-
- Émotionnelles:
-
-
- Comportements régressifs;
- La dépression, l’anxiété, l’irritabilité et une faible estime de soi;
- Sentiments de terreur, de peur de la mort, de peur de perdre un parent, de rage, de culpabilité, de confusion, de désespoir et d’impuissance, de colère;
- Perception du monde comme étant imprévisible, hostile et menaçant;
- Timidité;
- Tendance à l’isolement;
- Ambivalence de sentiments;
- etc.
-
Conséquences comportementales
- Tendance à s’accrocher à l’adulte;
- Comportements agressifs, de l’hyperactivité et de l’impulsivité;
- Réactions violentes lors de conflits avec leurs pairs, leurs frères, leurs sœurs et leurs enseignantes;
- Comportements de séduction, de manipulation et d’opposition dans leurs relations avec autrui;
- Tendance à mentir, à désobéir, à tricher, à détruire des objets ou à se montrer cruel;
- Bégaiement;
- etc.
Conséquences sociales
- Difficulté à établir des relations interpersonnelles significatives, que ce soit avec des professeurs, des membres de leur famille ou des pairs;
- Tendance à s’isoler, à refuser de s’ouvrir sur leur vécu ou d’amener des amis à la maison;
- etc.
Conséquences académiques
- Faibles performances à l’école causées par des problèmes d’attention, de concentration et de mémoire;Absences fréquentes, faible implication dans les activités parascolaires;
- etc.
A l’adolescence
- Comportements délinquants, violents et antisociaux;
- Actes criminels (par exemple : voies de fait, viol ou meurtre);
- École buissonnière, abandon des études, consommation de drogue ou d’alcool, fugues;
- Tentatives de suicide,
- etc.[2]
[1]Lessard, G. et Paradis, F. (2003). La problématique des enfants exposés à la violence conjugale et les facteurs de protection. Recension des écrits, Institut national de santé publique du Québec, p. 9 et 10. [2] Centre de Recherche Interdisciplinaire sur la Violence Familiale et la violence faite aux Femmes (2014), Enfants explosés à la violence conjugale, Conséquence, <http://www.enfants-exposes.criviff.qc.ca/consequences>